Par Option Finance - Publié le 19.10.2020
Si les ETF ont continué à collecter malgré la crise sanitaire, certains instruments ont davantage intéressé les investisseurs. C'est notamment le cas des ETF obligataires, de ceux utilisant des critères ESG et de ceux investis sur l'or. Leur capacité à assurer une liquidité quotidienne , quelle que soit la situation de marché, leur a même permis de trouver de nouveaux clients, y compris parmi les particuliers.
Alors que les fonds ouverts Ucits ont perdu des actifs au premier semestre, les fonds indiciels cotés ont continué tout au long de l'année à voir leur part de marché progresser. A fin juillet, les souscriptions sur les Ucits s' élevaient , selon JP Morgan Asset Management à 50,1 milliards de dollars. «La collecte est restée soutenue, précise Alfred Le Léon, responsable de la distribution ETF pour la France chez JP Morgan
Asset Management. Elle est seulement légèrement en retrait par rapport à 2019 qui avait constitué une année exceptionnelle, avec plus de 100 milliards de dollars de flux nets positifs.» Et les flux se sont poursuivis les mois suivants, jusqu'à atteindre un total de 70 milliards de dollars à fin septembre , selon BlackRock.
Trois grands thèmes d 'investissement se détachent les actifs obligataires , l'ESG (actions et dans une moindre mesure obligations) et les matières premières, en partliculier l'or. «Dans un contexte de forte incertitude marquée par la crise sanitaire, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, les démêlés autour du Brexit ou encore les élections présidentielles américaines, l'or fait office de valeur refuge», témoigne Matthieu Guignard, responsable du développement produits chez Amundi ETF, Indexing & Et Smart Beta La collecte a été donc très marquée dans cette catégorie : selon les données de BlackRock, les véhicules dédiés aux matières premières ont enregistré 18 milliards d'euros de flux positifs à fin septembre, dont 15 milliards sur l'or.
Les obligataires figurent aussi parmi les produits qui ont rencontré un réel succès cette année puisqu'ils représentent près de la moitié de la collecte. «Leurs encours ont progressé de plus de 30 % depuis le début de l'année, pour atteindre 300 milliards de dollars en Europe à fin septembre», se félicite Arnaud Gihan, responsable de l'activité iShares de BlackRock pour la France. Dernière catégorie ayant une collecte positive les ETF ESG. Ces derniers ont vu leurs encours quasiment doubler, grimpant de 25 milliards de dollars fin 2019 à plus de 40 milliards en septembre. Leur succès est particulièrement notable dans la catégorie actions puisqu'ils «représentent plus de 100 % de la collecte actions cette année», souligne Arnaud Gihan. En effet, alors que les actions ont décollecté, les ETF ESG actions ont enregistré des flux positifs tout au long de l'année, y compris au plus fort de la crise. La collecte a aussi concerné les ESG obligataires qui ont enregistré 3,5 milliards d'euros de nouveaux flux nets.
Cette polarisation de la collecte s'explique par plusieurs phénomènes. D'abord, la crise sanitaire a accentué la transformation des portefeuilles des investisseurs tant institutionnels que professionnels. «Du fait de la loi Pacte, les assureurs vont devoir d'ici 2021 transformer leurs portefeuilles actions afin qu'ils deviennent durables, précise Thibaud de Cherisey, responsable des ETF chez Invesco. De leur côté, les banques privées sont en train d'augmenter leur offre en matière de fonds ESG afin de répondre à la demande de leurs clients, et cela transite notamment par des ETF ESG ».
A l'instar des actions en général, les investisseurs ont ainsi privilégié les zones hors Europe. «Les ETF ESG actions avec pour sous-jacents des valeurs européennes ont relativement peu collecté par rapport aux fonds spécialisés sur les actions japonaises et américaines ou aux fonds globaux», confirme Honda Ennebalt responsable Xtrackers pour la France. Ce changement concerne aussi les sous-jacents obligataires, quoique leur progression ait été limitée par le manque de produits disponibles. «Il n'existe pas ou très peu d'ETF ESG investis sur des obligations souveraines, précise Matthieu Guignard. Les fournisseurs d'indices ont pour l'instant principalement transposé les méthodologies utilisées sur les actions aux émissions obligataires des entreprises.» Les fournisseurs d'ETF s'attellent de ce fait à étoffer leur offre dans ce domaine. «Ce segment de marché devrait encore se développer afin de répondre aux besoins des investisseurs», affirme Matthieu Guignard.
Par ailleurs et plus généralement c'est tout le segment des obligataires qui devrait sortir gagnant de la période récente. Si l'intérêt des investisseurs pour cette catégorie n'est pas nouveau, il a été renforcé par la crise sanitaire. «Déjà en 2019, la collecte sur les avec des sous-jacents obligataires était supérieure à celle sur les ETF actions, constate Alfred Le Léon. Cette tendance s'est fortement accentuée en 2020.» La crise actuelle a en effet constitue un véritable stress test pour ces instruments financiers. «Des régulateurs comme la Banque d'Angleterre et de grandes institutions internationales comme la Banque des règlements internationaux (BRI) s'interrogeaient ces dernières années sur le fait que les ETF obligataires pouvaient constituer un facteur de risque en cas de stress sur la liquidité, rappelle Matthieu Guignard. Cela n'a pas été le cas au printemps dernier, bien au contraire. Les obligataires ont non seulement conservé une liquidité quotidienne, mais ils ont aussi contribué à la liquidité des marchés.»
En effet alors que la liquidité a dû être suspendue sur certains titres, cela n'a pas été le cas sur les obligataires, même si au plus fort de la crise, les fourchettes de cotation se sont parfois écartées afin de tenir de compte de l'absence de transactions sur certains sous-jacents. «Les ont contribué pendant la crise financière à la découverte des prix sur certains segments du marché obligataire, rappelle Alfred Le Léon. Par ailleurs, les volumes records observés ont été un élément majeur dans la liquidité du marché secondaire.» Cette qualité a d'ailleurs été reconnue par certains régulateurs. «La Fed a utilisé les ETF obligataires dans son programme de rachats, poursuit Matthieu Guignard. L'institution a ainsi reconnu leur rôle dans le maintien de la liquidité sur les marchés obligataires.»
Cette propriété a permis de convaincre de nouveaux clients. «Les gérants actions utilisent de longue date des ETF dans leur allocation afin de faire varier leur niveau d'exposition en particulier sur les secteurs et sur les zones géographiques sur lesquels ils ne peuvent pas apporter de la valeur ajoutée, rappelle Matthieu Guignard. Ce type de stratégie commence à être aussi utilisée par les gérants obligataires.»Même constat au niveau mondial, selon les spécialistes de BlackRock. «Une large gamme de clients institutionnels ont adopté ou ont accru leur utilisation obligataires afin de réduire leurs coûts, de gérer leur liquidité ou encore leurs risques, indique Arnaud Gihan. Cet été, nous avons recensé 60 grands investisseurs (fonds de pension , grands investisseurs spécialistes de la gestion active) qui avaient pour la première fois utilisé nos ETF obligataires.»
Les ETF dont le développement est relativement récent en Europe sont, à ce titre, très peu référencés dans les contrats d'assurance vie. Or ces derniers constituent l'enveloppe fiscale privilégiée par les conseillers en gestion de patrimoine et en gestion privée, même si certains clients possèdent aussi des comptes titres.
Cette raison, si elle existe, n'est pas pertinente car le conseil doit primer avant tout. De plus, les ETF peuvent être très utiles dans une allocation d'actifs, en particulier pour les actifs hors de la zone euro. Certains marchés nécessitent une expertise pointue que l'on ne retrouve pas forcément chez les gérants hexagonaux. Les ETF constituent alors un bon moyen pour s'exposer à ces marchés à un coût faible et dans de bonnes conditions de liquidité, ce qui n'est pas toujours le cas en passant par des titres en direct, notamment dans le cadre des actifs émergents.
Ils le sont aussi sur les marchés américains. En effet, ces marchés sont proches d'une efficience parfaite, ils sont arbitrés en permanence. De plus, ils sont très concentrés sur les valeurs technologiques qui sont actuellement les principaux vecteurs de performance. Dans un tel contexte, il est relativement difficile de
superformer les indices. Cela reviendrait soit à encore augmenter la position sur les valeurs technologiques dans un contexte où celles-ci corrigent régulièrement depuis quelques mois, soit à les diminuer au prix d'une sous-performance. En revanche, en Europe, la gestion active est plus performante que la gestion indicielle. Les gérants peuvent dénicher des pépites, en particulier dans le domaine des petites et moyennes capitalisations.
Il est difficile de donner un chiffre précis car cela dépend des portefeuilles et de l'allocation d'actifs. Ceci étant, nous utilisons les ETF comme des instruments de diversification : ils peuvent y entrer à ce titre à hauteur de 10 % à 20 % de notre allocation.
Et ils ne sont pas les seuls nouveaux clients des ETF. En France, les particuliers commencent aussi à s'intéresser à ce type d'instruments, un particulier sur les sous-jacents actions. Selon les statistiques collectées par Euronext , la part des transactions exécutées par les particuliers est pas de 8,06 % au mois de janvier à 10,5 % au mois de juillet avec un pic à 14,5 % au mois d'avril. «La baisse des marchés actions au plus fort de la crise sanitaire a convaincu les particuliers de s'intéresser à ces instruments, rappelle Arnaud Gihan. Ceci a été particulièrement visible sur les à levier, essentiellement utilisés par des investisseurs privés.» Les particuliers ont également misé sur des fonds sectoriels . «Parmi les produits qui ont le plus collecté dans notre gamme figurent deux kit sur les valeurs technologiques américaines», précise Honda Ennebati. Une tendance qui va au-delà de la simple opportunité tactique. En effet face à la demande, les compagnie d'assurances ont commencé à référencer ces instrument dans les contrats d'assurance vie . «Les ETF vont faire leur entrée dans les contrats d'assurance vie, notamment dans le cadre des plateformes en ligne qui misent sur des frais de gestion réduits, précise Arnaud Gihan. Leur part est passée d'environ 1% y a un an à entre 3 % et 4 %. Elle est encore très réduite, mais tend à se développer.» Une opportunité pour les fournisseurs d'EU. «Depuis un an, nous avons entamé des discussions avec des plateformes en ligne proposant des solutions d'épargne, en particulier en assurance vie, précise Thibaud de Cherisey. Elles cherchent des alternatives aux fonds en euro et s'intéressent car elles s'efforcent de minimiser les frais de gestion.» Mais pour véritablement se développer sur ce segment il reste encore à convaincre les conseillers en gestion de patrimoine (CGP), ce qui n'est pas chose aisée. «Les fournisseurs d'ETF disposent de marges réduites, poursuit Thibaud de Cherisey. Le marché des CGP est un marché très éclaté et compte tenu des frais faibles sur les ETF, nous ne pouvons pas verser de rétrocessions.» Un frein qui pourrait prendre du temps à être levé .
Option Finance - 19/10/2020
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